lundi 5 juillet 2010

Rencontre Blogueurs au théâtre de Gennevilliers avec Pascal Rambert

Fin de journée, début chaud d’été parisien, nous sommes une dizaine, accueillis par Pascal Rambert dans son grand «paquebot» de Gennevilliers. Sylvie et Pauline nous servent un mojito menthe fraise, bienvenu avec cette chaleur. Pascal nous fait visiter ce lieu dont il a repris la direction depuis maintenant 3 saisons. Quelques infos sur les lumières «inutiles, qui annoncent si le théâtre est en veille, en répétition ou en scène, petits détails poétiques comme un phare dans une ville éclairée. Mais c’est avec ces «petits riens» que la magie commence. Ensuite un tour dans ce grand théâtre et un oeil sur cette immense halle qui le juxtapose, prêtée par la mairie et qui va devenir un Franprix à la rentrée... Soupirs de tout le monde... quel dommage de perdre un tel espace. Mais de l’espace il y en a au théâtre de Gennevilliers, l’immense plateau 3 notamment, réalisé par Sobel à l’époque, que l’on peut diviser en deux et qui est totalement insonorisé. Enfin Pascal de conclure que dans ce lieu, après les ordi du rez-de chaussée qui servent notamment aux «jeunes du quartier» qui viennent surfer sur le net, la bibliothèque de livres et le salon du premier, qu’il a presque tout réalisé, à part la librairie «trop petite pour Gallimard»...

Nous prenons finalement l’apéro sur la terrasse à la fraîcheur des plantes, et Pascal nous présente la prochaine saison.


Toujours dans l’esprit de présenter des artistes contemporains, vivants, des «artistes entiers» la saison prochaine restera dans la continuité des «spectacles difficiles». C’est à dire pas forcément pré-mâchés mais pour peu qu’on s’y attarde, totalement accessibles à la sensation. Pascal Rambert aime bien travailler sur des projets spécifiques avec des artistes qu’il admire, et depuis le début de son directorat, seul Hubert Colas et Jan Fabre n’ont pas encore été à l’affiche. Ceci sera réparé en saison 11-12 si les agendas le permettent.

Mais pour en revenir à 10-11, dans la nécessité de présenter des travaux qui participent à «laver le regard, remettre à zéro... re-regarder les gestes autrement» des artistes peu connus seront invités : Mathieu Bertholet, Christophe Fiat par exemple. Bien sûr toujours autant de place pour la danse avec Mathilde Monnier et Cindy Van Acker. Les arts plastiques avec cette année le japonais Ryoji Ikeda, «toujours novateurs en gestes artistiques les japonais» dit Pascal Rambert, et aussi Toshiki Okada en théâtre. Une pièce en islandais, voilà une des belles originalités de cette année sur un texte de Marie Darrieussecq, mis en scène par Arthur Nauzyciel. Il y aura aussi de l’Opéra, un pour enfants par Pascal Dusapin et André Wilms, et puis «Armide» de Lully, mis en scène par Pascal Rambert.

Les ateliers d’écritures continueront l’aventure ainsi que les rencontres philosophiques, dirigées l’année dernière par Marie-Josée Mondzain, qui a désigné comme successeur cette année Emmanuel Alloa. Les ateliers d’écriture dont on peut voir des témoignages ici, et auquel j’ai participé une fois. Expérience passionnante, j’écrirai sans doute un article dessus.

Et puis dans l’idée de la transmission, de créer un lien entre les générations d’artistes de théâtre, entre ceux qui occupent brillamment la scène depuis de nombreuses années et la génération qui arrive, Pascal Rambert a voulu inviter Patrice Chéreau, Claude Régy, Bernard Sobel et Jean-Pierre Vincent un soir dans l’année à répondre à des questions. En partenariat avec François Berreur et des journalistes, pour «créer de la porosité, revenir avec une autre parole» nous dit Pascal. Je pense que pour des jeunes artistes c’est précieux inestimable comme échanges. Personnellement dans mon travail de recherche en mise en scène, je suis très demandeuse de ce genre de rencontres. Le 104 en organisait parfois aussi du temps de Fisbach-Cantarella, espérons qu’ils continueront.

Dans le même esprit de transmission, il y aura aussi comme l’an passé, des répétitions ouvertes, et cela aussi je vous le conseille pour voir des artistes travailler. (Christophe Fiat, Mathieu Bertholet et «16 ans» de Pascal Rambert).

Enfin Nan Goldin sera la photographe invitée cette année et ceux qui veulent peuvent dès aujourd’hui commander un agenda avec ses photos ici.

Pascal conclut en expliquant qu’il a conscience que cette programmation est rigoureuse et qu’il doit travailler avec à l’esprit le fait qu’il y a de moins en moins d’argent, que la fréquentation baisse et que les théâtres de banlieue attirent moins que ceux de Paris. Il y a «un rapport particulier à la distance». Mais il souhaite que les gens puissent venir voir une année entière, pour «traverser une programmation et la comprendre comme un geste artistique» en soi. Il termine en disant que «ce geste s’il le rate, il ne sait pas si ceux qui lui succéderont auront les moyens de le faire»...

Saison détaillée sur le site du théâtre 2 Gennevilliers ICI

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