William Butler Yeats (1865 – 1939) est un auteur irlandais qui a reçu le prix Nobel de littérature en 1923. Au départ dans la veine des romantiques, il participera au renouveau de la création irlandaise, et ses poèmes et pièces seront d’inspiration pré-raphaélite. Sans doute ce qui donne à ce « Roi de la tour du Grand Horloge » un aspect si médiéval. Le metteur en scène a choisi de conserver cette ambiance, nous sommes accueillis par une scène disposée en carré, l’action se déroulant au centre. Les comédiens sont là, l’un d’entre eux nous offre une rose. Tout le jeu se fera dans une vraie lignée moyenâgeuse, on s’y croirait, à part sans doute les costumes plutôt contemporains. L’histoire mystérieuse d’un roi à la femme muette, qui vient se faire défier par un poète vagabond, ressemble à un conte pour enfant. Le poète demande à voir la reine, dont il dépeint les charmes sans jamais l’avoir vue. Jamais ? vraiment ? pourtant il semblerait que leurs voix s’unissent au delà des mots. Yuta Masuda a admirablement mis en musique les chansons écrites dans la pièce et que Yeats laissa à la création de qui voudrait. Tourbillonnant moment, entre chant, jeu et joute, les mots poésie nous perdent au gré d’une histoire qui ne se dévoilera pas complètement, nous laissant libre de nous la raconter nous-mêmes. Le comédien qui fait la reine est un homme, comme sans doute autrefois les comédiens jouaient les rôles des femmes. De même, la voix de la reine est chantée par Olav Benestvedt, tout cela procure une atmosphère extrêmement étrange, qui devient savoureusement morbide à la fin… Conservons le suspens pour ceux qui iront, cet instant de théâtre très particulier, dépaysant et original, est à voir encore jusqu’à dimanche au théâtre de l’étoile du nord à Paris.
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