Une femme s’assoit dans un fauteuil et nous lit une histoire. Sur le plateau défilent des images filmées sur un écran et derrière des scènes se déroulent en écho à ce film. C’est une légende racontée par son narrateur. Un fils de roi, qui règne sur une île, narre sa naissance, son adolescence et son mysticisme. Pendant ce temps un homme en pyjama arpente la plage avec son fils sur le film et puis est fait comme prisonnier par un homme peint en noir. Sur le plateau ce même homme en pyjama entre et sort part des portes qui s’ouvrent et se ferment…
Abondance d'images qui se succèdent. L'homme a le visage peint en rouge, et sur le film les yeux bandés. L'imaginaire mis à profit doit pouvoir interpréter les nombreuses références. On parle de la mort du père, de celui de Dieu, de la perte des repères, du besoin de culte et de mysticisme. La présence très forte de la nature et les déambulations sur la terre natale de l'auteur, l'île de la Réunion, renforce l'intensité du retour aux sources, à la mère, et à la violence de ce que l'on ne maîtrise pas. Les portes et les entrées et sorties comme autant de chemins possibles pour l'homme qui se perd. Sa position d'esclave ou encore sa soumission à sa destinée...
Le texte raconte le Dieu Adam, forme de taureau blanc géant, minotaure gentil et obèse, qui protège sa population qui l’adule. L’écriture est extrêmement précieuse, parsemée de mots compliqués, et pompeux qu'il est difficile à suivre parfois. J’avoue avoir du mal à m’intéresser à cet enchevêtrement de couches, qui finissent par nous perdre de par trop d’images et de sous-titres, sous-entendus obscurs. Une scène finale rappelant « la Cène » se propose de manger le Dieu Adam, et l’homme au pyjama se voit couper la tête, mangée à son tour par son double…
C’est un mélange entre art contemporain et théâtre, comme Gisèle Vienne, ou la musique plonge dans un univers glauque et saisissant. Mais autant le système art contemporain obscur et « poétique » me laisse indifférente chez Vienne, autant ici, il me semble animé par une sincérité qui est tout sauf mondaine. La pièce est obscure mais honnête et la parole délayée dans une chantilly de mots alambiqués, repose sur des préceptes réels de pensées sur le rapport à la déité ou au culte, païen ou parental. Dommage que tout cela se dissolve dans des directions multiples qui nous égarent. Là où Vienne me semble noyer un propos pauvre dans une surabondance d’effets, Lambert-Wild fait le contraire et son message sans doute passionnant ne m’est pas totalement parvenu faute d'un peu plus de simplicité peut être…
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