A l’origine un roman, plus tard une chanson de Rodolphe Burger, et maintenant une pièce, « Un nid pour quoi faire » adaptée par Lagarde en collaboration avec Cadiot, est assez réussie, dynamique et drôle.
Un immense loft style chalet de montagne est recréé sur le plateau, un écran géant remplace le mur du fond. Vidéo de neige et de montagne, parcours de routes, exil, des images projetées, entre les souvenirs, l’imagination et la fenêtre ouverte du loft. Et c’est parti au pas de course et en musique les comédiens investissent l’espace. Une cour royale en exil, un roi en tête, cherche à redorer son blason aux yeux du monde, et « brainstorme » sur une communication efficace. Un nouveau venu est recruté pour apporter des idées. Cour baroque, loufoque, déjantée comme devait l’être celle des rois décadents, inoccupée et trouvant des jeux les plus ridicules ou cruels les uns des autres. Et puis en fond, cette voix off qui est celle du « petit nouveau » observant ces personnages singuliers, clins d'oeil à certains travers de notre société ? : le médecin M. Bouboules (« les petites boules de minéraux tous les matins »), Goethe l’intendante et coach de tout le monde (exceptionnelle Valérie Dashwood), la marquise et la dauphine, le poète (appelé Bossuet) qui commet des aikus aussi pauvres les uns que les autres, le Prince qui désole son roi, et une cuisinière… Tout ce petit monde couche ensemble à ses heures, se chamaille sans cesse, dit beaucoup d’âneries, fait de son mieux pour divertir un roi blasé, las et fat de sa personne, qui finira par jeter l’éponge. Bien sûr des dizaines de parallèles à notre « royauté » actuelle se font dans nos têtes au cours du spectacle, même si ce n’est jamais évoqué clairement. De même le ridicule de la « communication » à outrance et de l’univers de la pub sont mis à mal de manière fort savoureuse. Ou comment discrètement, se moquer des « pubeux », prêts à tout pour faire passer des messages, quitte à être complètement excessifs et en dehors des réalités. Bref le règne du superficiel, du zapping, dès que l'on s'ennuie on cherche une nouvelle distraction... Société médiatique et qui n'existe pas sans communication efficace ?
Nous voilà revenus au temps ou Molière singeait ses contemporains avec beaucoup de finesse, n'est-ce pas ?
Les passages en voix off sont plus poétiques et réflectifs, et contrastent avec le dynamisme des scènes. « Respiration » intéressante, même si je n’ai pas été transcendée par l’écriture…
Une bonne pièce, de très bons comédiens, je n’aurais peut-être qu’un regret, que ça ne soit pas légèrement plus trash, car finalement pour ce que cela « dénonce », l’ensemble reste assez « sage ». Alors de quel nid s’agit-il finalement ? Le refuge, le lieu où l’on s’échappe de tout, apparaît ici plutôt mortifère, et illusoire, comme un eldorado dont finalement on essaye de partir à tout prix. Et surtout pour quoi faire ? Car qui peut échapper à son environnement ? Et l'on se prend à rêver d'en trouver un...
Reprise en octobre au théâtre de la ville à Paris
des extraits vidéos ICI
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