d'après "Bullet Park" de John Cheever, mise en scène Rodolphe Dana
avec David Clavel, Françoise Gazio, Katja Hunsinger, Antoine Kahan, Nadir Legrand, Christophe Paou et Marie-Hélène Roig
au Théâtre de la Bastille jusqu'au 22 décembre 2011
La littérature américaine des années 60 est très inspirante. Je pense à John Fante, à Faulkner, Hemingway, Steinbeck, T. Williams, Capote, Miller, Salinger, Hubert Selby Jr, et j'en passe... Et l'on retrouve saupoudrée cette ambiance si particulière de la famille qui essaye d'être modèle, dans l'oeuvre de Cheever mise en scène par Rodolphe Dana. Ici se croisent deux couples, qui tentent de vivre tranquillement dans cette amérique de banlieue confortable. Paul et sa femme Marietta qui frise la douce folie de la femme au foyer sans enfant qui s'ennuie, découvrent leurs voisins Eliott et Nellie et leur fils Tony. Chacun se débrouille avec ses peurs et ses espoirs, son quotidien et son besoin d'équilibre. Le fils Tony tente de grandir et de se forger une personnalité dans cette amérique bien pensante, ce qui le mènera dans l'impasse de la dépression. Tandis que l'on découvrira que chez les plus propres d'apparence, peut se cacher les pires intentions.
Comme souvent dans cette littérature américaine, le désespoir n'est jamais loin et il tutoie la folie, la titille et l'appel de ses voeux. Chacun des personnages semble au bord de verser dans quelque chose d'incontrôlable. C'est une réflexion sur la folie ordinaire bien sûr, le désir de se conformer à la société, et peut être ne pas y arriver autrement qu'en surface. Finalement le meurtre n'est pas loin, la dépression non plus, et le sage est celui qui sort du conformisme.
Le collectif des Possédés qui travaille souvent sur ce "vivre ensemble", suivant les époques et les lieux, rassemble ici encore le souhait de partager les errances et les combats de chacun, dans une société qui, quelle qu'elle soit, comporte des codes qui peuvent être à l'encontre du vivant. Une belle piste de réflexion, même si cet opus n'est pas dans mes préférés. Le jeu étant toujours d'une grande qualité, m'a semblé pour une fois manquer de naturel et de rythme.
Collectif à suivre néanmoins.
photo Raphaël Pierre
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