D'après "Au coeur des Ténèbres" de Joseph Conrad, adaptation et jeu Josse De Pauw
Mise en scène Guy Cassiers
Scénographie Guy Cassiers, Enrico Bagnoli, Arjen Klerkx
au théâtre de la Ville à Châtelet jusqu'au 11 décembre
Un plateau nu et d'immenses panneaux de bois en fond, qui se meuvent et reçoivent les couleurs vives de vidéos projetées ; c'est une très belle scénographie qui nous accueille dans les premières minutes de ce spectacle. Un homme avance, et nous relate son voyage. L'Afrique peut être, l'Amazonie... Nous nous laissons guider au gré de ses souvenirs.
Puis nous comprenons qu'il s'agit de l'Afrique, du temps des colonies. Le texte est d'une grande beauté, ciselé, précis, si littéraire, il s'entrechoque avec la violence de l'endroit décrit. Le personnage principal joué par Josse De Pauw remonte un fleuve pour aller chercher un homme, quelqu'un d'illustre, quelqu'un dont la pensée a fasciné tant ceux qui l'ont connu. Ici Guy Cassiers et le comédien ont monté un savant jeu de mélange entre l'acteur sur le plateau et les vidéos projetées sur les panneaux de bois. Tous les personnages sont joués par Josse de Pauw, et il se répond à lui même par le biais des projections. Comme un monologue intérieur, une rêverie, ou encore comme dans nos souvenirs, où nous sommes ceux que nous avons rencontrés. Le résultat est magnifique, les panneaux de bois pivotent, le comédien parle, la vidéo répond et se confond avec le comédien qui par un effet de superposition semble être dans la même pièce.
C'est un très beau moment de théâtre avec un texte qui nous fait réfléchir sur la colonisation et ce que l'Europe devient aujourd'hui, dans les suites directes de cette époque. En cette période trouble cela fait particulièrement écho, et les artistes du théâtre Belge d'Anvers Cassiers et De Pauw nous rappellent ici le devoir de mémoire. Nous sommes transportés par les images violentes et crues, ou par la beauté des paysages sauvages qui nous sont transmis par le biais d'un texte d'une telle qualité. Cela donne envie de lire les livres de Conrad si ce n'est déjà fait.
Je regrette juste une forme de monotonie dans la diction du comédien remarquable cependant de précision et de simplicité. On sent un amour profond des mots et pour ce texte qu'il a adapté et que Cassiers met en scène ici.
A voir rapidement ce joue jusqu'au 11 décembre uniquement.
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