lundi 7 novembre 2011

Au moins j'aurai laissé un beau cadavre - Macaigne


d'après Hamlet

Écriture, mise en scène, conception visuelle et scénographique Vincent Macaigne
Scénographie Benjamin Hautin et Julien Peissel

Avec Samuel Achache, Laure Calamy, Jean-Charles Clichet, Julie Lesgages, Emmanuel Matte, Rodolphe Poulain, Pascal Reneric, Sylvain Sounier

Au théâtre de Chaillot jusqu'au 11 novembre


Ce n'est rien dévoiler que de dire que dès l'entrée en salle, nous sommes pris par une ambiance de folie, animée par un comédien, transformé en G.O. pour l'occasion. Tout le monde doit se lever, tendre les bras, répéter les paroles d'une chanson, faire du bruit... C'est la grande hilarité et la présence de scolaires n'y est sans doute pas pour rien. Certains ne jouent pas le jeu, boudent en faisant une moue d'intellectuels impatientés, ou encore attendent juste timidement en souriant un peu amusés malgré tout. Mais heureusement pour le théâtre vivant, l'action que l'on pourrait juger comme voulant se mettre facilement le public dans la poche (et quand bien même c'est plutôt une tentative intéressante) fait que la plupart participent, cela nous permet de rentrer dans la pièce d'une manière assez efficace. Cela démarre donc sur les chapeaux de roues, la fluidité de l'échange public / comédien étant installée, le naturel de ces derniers n'en parait que renforcé.


Un texte complètement adapté à notre époque, là il peut y avoir débat sur la nécessité, rebondit au rythme des interventions. C'est un Hamlet très en colère, d'ailleurs tous les personnages passent la quasi totale première partie hors d'eux, à s'engueuler les uns les autres. C'est très acide et drôle, bouffon, loufoque, presque trop, on en perd le texte parfois tellement ça crie... mais on est quand même pris et parfois interpellés par leurs colères : "Hamlet, tu n'es qu'un enfant gâté dépressif !" hurle Claudius déguisé en banane... Rien ne nous est épargné, la drogue, le sexe, le bruit, le ridicule... Les comédiens déboulent de partout, interpellent le public, continuent à nous faire lever... On ne sait plus où en donner de la tête, c'est plein de tentatives en tous genres et c'est courageux.


Chaque scène est une trouvaille de mise en scène, avec toujours beaucoup d'humour et en même temps un vrai tragique humain et démesuré. Concernant l'histoire, rien n'est trahi et tout semble accessible sans pour autant être simple. Tous les registres y passent, le grossier, le vulgaire, le dément... Mais à une grande vitesse donc on enchaîne. On pourra trouver ce travail démago, bruyant, non sans rappeler le Hamlet d'Ostermeier qui travaillait aussi le registre du burlesque. Une mise en scène originale sans l'être, le théâtre osé et animé par la profusion est en vogue en ce moment, une envie collégiale de faire bouger les choses ou tout simplement de continuer à le faire vivre, du théâtre populaire au noble sens du terme en tous cas.

Je conseillerais cette pièce aux personnes un peu dégoûtées du théâtre et notamment des classiques, cela les réconciliera peut être avec le genre... "au moins j'aurais laissé un bon souvenir".






1 commentaire:

  1. ça serait intéressant de voir ce que les scolaires en ont pensé. Très bel article neige! Bises

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