vendredi 7 janvier 2011

La Conférence - Pellet - Nordey

photo Giovanni Cittadini Cesi

La Conférence de Christophe Pellet,
Mise en scène et jeu Stanislas Nordey
Scénographie Emmanuel Clolus
Théâtre du Rond Point du 4 au 30 janvier 2011

Que l'on sort perplexe d'un tel exercice... D'un côté un texte acerbe et noir, rejetant avec effroi et horreur ce que l'auteur nomme "l'esprit français" et "les entreprises culturelles françaises", coupables de tous les maux artistiques et de toutes les restrictions humaines qu'il soit, avec les défauts d'un "circuit" dans lequel il faut être, et l'aspect immuable et jusqu'à ne plus être capable de regard qualitatif sur les choses ; et d'un autre un comédien metteur en scène ancien directeur de théâtre national, qui réussit dans ce "milieu" et fait sans doute partie d'une forme d'intelligentsia théâtrale même s'il a beaucoup été critiqué. Tout ceci joué dans un théâtre qui se voudrait populaire, mais qui est quand même dirigé par un personnage haut en couleur en ce qui concerne la renommée et le copinage.

Alors quoi ? N'ont-ils pas droit eux aussi de critiquer cet esprit restreint et corporatiste qui nous caractérise tant en France et qui nous rend si difficiles à l'innovation et à l'émergence des talents, et qui de ce fait favorise encore plus l'envie de s'accrocher au petit fauteuil que l'on réussit un jour à attraper ? Le public du théâtre du Rond Point à grande partie bourgeoisie vieillissante et initiés parisiens ne serait-il pas prompt à entendre tel message ? Oui mais alors quel message ? Les pistes sont ici un peu brouillées. Pourquoi pas, cela peut porter à réflexion et c'est déjà utile. Mais je m'interroge malgré tout... Le discours semble tomber un peu à plat même s'il est assené car le texte est très peu ironique et peu drôle. C'est un vrai regard désespéré de quelqu'un qui est allé au bout puisqu'il vit aujourd'hui à Berlin. Ville où bon nombre d'artistes français émigrent par lassitude de tout ce qui est honnis ainsi dans le texte. Mais cela manque un peu de précisions. Finalement tout est quasi sous entendu et l'on ne sait plus vraiment de quoi on parle, à part que nous sommes tous sensés très bien comprendre puisque nous sommes plus ou moins des intellos français dans le public ? Malgré tout je trouve que dénoncer quelque chose c'est aussi le décrire un peu, histoire de regarder l'objet et d'avoir des idées éventuellement pour y réagir.

C'est un texte à la croisée des chemins, par quelqu'un qui est à la croisée des chemins, joué par un comédien à la croisée des chemins et finalement à force de croiser les chemins on finit par perdre un peu sa route. Une belle performance d'acteur néanmoins par un Stanislas Nordey qui fait bien de revenir sur le plateau. En espérant que cela donnera quand même à penser, d'essayer de dire les choses telles qu'elles sont, ce texte est plein de vérités amères.

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