dimanche 14 novembre 2010

Bérénice - Racine - Gwenaël Morin


De Racine mise en scène par Gwenaël Morin
avec Julian Eggerickx, Barbara Jung, Grégoire Monsaingeon et Ulysse Pujo
au théâtre de la Bastille jusqu'au 27 novembre 2010

Décidément Gwenaël Morin se situe dans le didactisme et l'enseignement. Son théâtre cherche à réconcilier tout le monde, le texte classique avec ceux qui l'ont aimé puis mis de côté ou encore, ceux qui ne l'ont pas aimé ou enfin ceux qui détestent le théâtre à cause du texte classique (ou qui le détesteront bientôt je pense aux scolaires). On sent dès le début, l'accueil du metteur en scène fait aux spectateurs, une envie de séduire pour ne pas de dire de se mettre les spectateurs dans la poche. Le décor est encore fait de bric et de broc, ambiance "le théâtre c'est facilement mis en place...", et une grande bâche résume par un fléchage grossier, les sentiments et directions des personnages.


Cela continue par une gestuelle très explicative, si Gwenaël Morin était sur le net, ses pièces comporteraient des pop up pour apporter des précisions en cours de jeu, ou des petites bulles pour que l'on soit bien sur de comprendre les intentions. Cette prise en charge totale du spectateur l'empêche un peu de penser en rond à mon sens, mais ne sommes nous pas à l'école ? Ah non ? Pardon... j'oubliais. Cela fait penser aussi au théâtre du Moyen Age ou les bouffons faisaient des apartés au public pour lui expliquer les scènes... Sinon la lumière reste allumée tout le temps, on se croirait en répétition ambiance "le théâtre est proche de nous..." et malgré toute cette scolarité, le texte (qui nous parvient parfaitement et heureusement parce que tout s'y emploie) est remanié par le metteur en scène, modernisé (liaisons, vers coupés, texte coupé...). Donc on cherche à s'approprier tout cela, les comédiens (excellents) sont très dans la psychologie mais à dessein, en adresse publique parfois, pour que Racine soit enfin compris et apprécié ? Sans doute, tous ces efforts y font penser en tous cas.

A un moment il y a une petite rupture un peu délirante en chanson, et là je me suis posé la question de savoir si on essayait pas de m'acheter ma sympathie ?
Et du coup, me suis aussi demandé si nous n'étions pas dans l'extrême de l'ironie. Le texte est central, et l'envie de faire aimer Racine ne nous quitte pas, mais ces larmes et ses courses effrénées rompues par des chansons décalées et une cymbale retentissant à chaque fois que Hélàs est prononcé (tout le temps...) servent elles le texte ou bien s'en moquent-elles finalement ?

Quelques questions restent posées mais ce qui est certain c'est que malgré toutes ces interrogations et cette volonté énorme d'apprivoiser le théâtre classique, nous passons un très bon moment, nous entendons le texte, nous recevons l'émotion, nous rions, nous sommes émus. Les comédiens sont en plus vraiment très bons et totalement investis. Alors un peu comme un spectacle dont nous serions aussi en coulisses, je conseille quand même cette tentative réussie de dépoussiérer Racine et de lui rendre son aspect populaire qui lui a si souvent manqué.

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