texte de Copi, mis en scène par Jean-Michel Rabeux
avec Claude Degliame, Georges Edmont, Marc Mérigot et Christophe Sauger
Scénographie, costume et maquillages Pierre-André Weitz
jusqu'au 23 juin au théâtre de la Bastille
Cela commence dans une arène construite pour cette mise en scène, les spectateur encerclant une petite scène constituée d'une boule de lumière et d'un socle géant. En sortent, telles des vers luisants tapis à la sortie de la lune, deux jumelles de blanc vêtues. Tout de suite elles veulent se droguer pour sûr, ce sont des travestis, pour sûr, elles sont hystériques et meurtrières ou suicidaires, on ne sait plus, pour sûr, nous sommes dans Copi jusqu'au cou. Bientôt rejointes par deux autres jumelles, identiquement vêtues, toutes prêtes à se droguer, à s'entre-tuer, à voler de l'argent, à mourir dignement et surtout à s'insulter copieusement...
La scène en rond, comme le texte tourne en rond, la situation inextricable, sont-elles quatre vraiment ou une seule ? Elles se tuent vraiment, et ressuscitent, elles se droguent vraiment, et veulent mourir pour de bon... Est-ce un jeu ? Rapidement, bien sûr tout devient oppressant et répétitif, comme un reflet des effets de la drogue et de la solitude. Aujourd'hui faut-il rappeler qui était ce génie de Copi, Argentin exilé en France, homosexuel, drogué, fuyant les fascistes de son pays, mourant du sida dans les années 80, peu monté encore car tellement déjanté et borderline, qu'il fait souvent peur ? Bien sûr Jean-Michel Rabeux qui l'a connu, est le metteur en scène voué à le jouer sans trop le trahir, tant ils partagent le baroque et le goût pour la douce provocation.
Le public est perplexe, certains rient aux éclats, d'autres se regardent consternés, quelques uns sortent une fois qu'ils réalisent qu'il ne se passera rien "de plus" que cette folie amère qui tourne et triture les méninges. Copi met mal à l'aise forcément, il appuie là où ça fait mal, avec fracas, et rire démoniaque. On passe une heure affriolante, au rythme des meurtres et des cris, les comédiens sont parfaits, leurs rôles semblent avoir été cousus sur mesure, comme leurs costumes. C'est justement ce qui a fini par m'ennuyer, aucune surprise finalement, du grand Copi, du bon Rabeux comme on l'attendait, travesti et maquillage, sans contre pied, sans ironie, où la répétition passe un peu à coté du comique. J'aurais peut-être rêvé quelque chose de jamais vu, un Copi sans paillettes, plus sobre, pour tenter l'expérience audacieuse d'y entendre son texte autrement.
Spectacle à voir bien sûr, pour le talent de tous ces protagonistes, et le plaisir du théâtre du corps et du sang.
Claude Degliame / Christophe Sauger
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