"Se trouver" de Luigi Pirandello, mis en scène par Stanislas Nordey
avec Emmanuelle Béart, Claire Ingrid Cottanceau, Michelle Demierre, Vincent Dissez, Raoul Fernandez, Marina Keltchewsky, Frédéric Leidgens, Marine de Missolz, Laurent Sauvage, Véronique Nordey et Julien Polet.
au théâtre de la Colline jusqu'au 14 avril 2012
"Se trouver" est une oeuvre importante de Pirandello : cette pièce met en scène une comédienne, prise entre les réalités de son métier et ses désirs de vie. C'est un texte très dense et qui oscille entre accessibilité et obscurité. D'un côté des conversations ordinaires sur le thème être actrice et "jouer" ou "vivre" ses rôles, ressentir ou non les émotions des personnages, le défi de se "trouver" soi-même parmi le foisonnement des compositions. D'un autre côté des réflexions intenses partagées entre cette actrice et celui qui tentera de la faire exister en dehors de son art : son amour Ely. Ce thème autant philosophique qu'artistique est qui est sans doute à débattre à l'infini et à vivre d'autant de manières qu'il y a d'hommes, n'en est pas moins passionnant. Où sommes-nous quand on créée et "qui" créée finalement ? Et bien entendu comment se trouver dans tout cela, soi et par rapport aux autres ?
Donata la comédienne (littéralement "Donnée") traverse cette recherche au cours de la pièce. Celle qui se donne entièrement à son art, à ne plus s'appartenir, ne plus avoir de vie à elle, être un objet pour les autres, une image... tente soudainement d'exister lorsqu'elle rencontre Ely, artiste peintre, libre et sans attache. Seulement celui-ci refusera son don au théâtre et souhaitera qu'elle se donne à lui. Ici la réflexion philosophique de l'art se confronte à la sociologie, comment une femme peut-elle s'émanciper (années 30, années du texte) et à la psychologie plus largement, comment exister aussi dans l'amour d'un autre ? L'amour, que cela soit d'un art ou d'un autre, rend-il libre ou aliène-t-il ?
Autant de pistes, d'envie de se triturer les méninges, à la manière d'une introspection artistique, font que l'on peut regarder la pièce en réfléchissant. Et cela comporte les défauts de ses qualités... On décroche parfois, surtout lorsque le texte devient tortueux. Du reste l'interprétation est excellente, Emmanuelle Béart correspond très bien au rôle, elle est juste dans son jeu, et la mise en scène de Stanislas Nordey, toute en frontalité comme souvent, est grandiloquente et élégante. C'est propre et presque scolaire, j'ai personnellement regretté le manque de "corps". Même si Vincent Dissez tente d'en donner et si Emmanuelle Béart est une actrice charnelle, le tout reste très intellectuel. Je m'étonne car je trouve que Stanislas Nordey est un comédien physique et qui n'hésite pas à recruter des comédiens qui le sont aussi (notamment Laurent Sauvage...) mais ici il fige le tout, comme s'il craignait que le propos ne se disperse et qu'il voulait nous concentrer sur les mots. Cela fonctionne et cela permet en effet de bien entendre l'auteur. Mais pour une pièce comme celle là, où il est tant question de vivre dans son corps, de désirer, de vouloir posséder l'autre, et même qui tente parfois des audaces sensuelles dans les mots, je trouve que c'est resté trop cérébral. C'est une frustration plus qu'une véritable critique, une envie que le travail de Nordey se "salisse" un peu, et qu'il devienne alors assez incontournable.
A voir pour l'efficacité.
Bonjour,
RépondreSupprimerje ne connais pas cette pièce de Pirandello. Je découvre. Je vais la lire donc. Je découvre aussi votre blog, je vois que vous appréciez l'écriture, les textes. Et que vous souhaitez partager votre passion, la rendre sensible. Bonne initiative. Si vous souhaitez rendre visite à un blog qui voit les choses un peu comme vous, vous êtes bienvenue : http://ilteatro.net
Nous reparlerons alors peut-être de centres d'intérêts communs.
Merci !
RépondreSupprimerJe vais mettre votre blog en lien dans la rubrique !