Versailles, fin d'après-midi de septembre 2010
Festival Plastique Danse Flore
avec Dinozord et Papi Ebotany, Frédéric Danos, Marlène Saldana et Thomas Scimeca et une improvisation de Jonathan Capdevielle.
Il est très difficile de raconter les spectacles d'Yves-Noël Genod lorsqu'ils ressemblent à cet après-midi de faunes comme nous pourrions l'appeler, largués en pâture à de pauvres spectateurs perdus mais hilares en plein potager à Versailles. La foule s'amasse devant des grilles et Thomas Scimeca en perruque XVIII et en chemisette transparente (et nu dessous bien entendu) y grimpe et semble chercher quelqu'un "Julien ? vient approche... Françoise ?". Une image qui me parait soudain si réelle qu'elle me projette à l'époque de la décadence de nobles oisifs. Parmi nous Yves-Noël en slip rose distribue ses petits tracts et nous explique un peu débordé qu'il faudrait que l'on se disperse pour voir le spectacle de plusieurs angles différents. Tout a toujours l'air improvisé dans ce qu'il présente, comme si les choses se produisaient par magie et bien malgré lui. Le talent de recréer de l'imprévu dans le prévu, de l'inattendu dans une vie trop lisse peut être ou encore tel une loupe colorée, de faire ressortir le merveilleux de tout instant.
Nous entrons dans ce petit jardin près d'un cours d'eau, tentons de suivre ce qu'il s'y passe. Nous sommes très nombreux et les interventions se mêlent à la foule, à nous de les dénicher, parfois guidés par un Yves-Noël souriant "par ici c'est plus beau... regardez par là..." Thomas Scimeca cherche toujours Françoise et s'empare d'un micro, puis d'une moto, en alternance. Faussement excédé par le monde, se frayant des passages absurdes parmi nous "pardon, excusez moi..." Marlène Saldana pique une petite crise d'hystérie, se met nue et court se jeter dans le ruisseau en criant "je me noie !" et deux noirs couverts de paillettes d'or font leur apparition dans une pirogue, puis se battent, tandis que Jonathan Capdevielle s'est emparé du micro pour chanter "Africa... j'ai besoin de danser, comme toi..." Plus tard ou avant je ne sais plus, de s'être lui-même jeté à l'eau pour sauver Marlène. Se jeter à l'eau, c'est bien ce que font les comédiens d'Yves-Noël Genod, happés par l'immense liberté de création qu'il provoque en chacun.
On ne cherche pas du sens, on se laisse emmener dans un univers. Le titre de l'opération, "l'Echange", nous rappelle Claudel et l'invitation au voyage. La démesure de la vaine recherche, l'impossibilité de se comprendre entre soi en terre étrangère, ou l'inverse. L'absurde déclenche l'hilarité bien souvent chez les spectateurs, rien ne semble entraver la route que les comédiens doivent emprunter et qui suit un fil obscur. Pourtant chacun peut déclencher son imaginaire et se raconter sa propre histoire, ce qui permet aussi dans cette liberté, de créer à son tour. Les enfants nombreux ce jour là participent à la joie et se mêlent parfaitement à l'ambiance, pas du tout choqués par cet immense jeu qui peut être leur rappelle les leurs...
Yves-Noël a ceci d'un enfant, il recrée des aires de jeu gigantesques pour adultes qui osent, afin de susciter l'imaginaire de ceux qui osent moins, distribuant ça et là des éclats de rire et des brins de poésie, mais aussi avec des tiroirs de sens qu'il ne tient qu'à nous d'ouvrir. On rentre la tête dans les étoiles, un peu plus léger d'avoir été ainsi "rechargés"...
Si heureux, non pas de ce que tu écris - qui est très beau -, mais que cela t'ait rendue heureuse. Je travaille à Marseille en utilisant un matériel de chansons (de Julio Iglesias !) Dans l'une d'elles : "La vie, c'est plus pétillant / Que le champagne !" Si tu veux bien, je trinque avec toi... Yves-Noël
RépondreSupprimerma boisson préférée ! à la tienne et à la création :)
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