mercredi 28 juillet 2010

Avignon - Yves-Noël Genod

« Le Parc intérieur »

Variations sur « Venus et Adonis » de Shakespeare

d'Yves-Noël Genod

Voici un spectacle bien singulier et personnel, qui ressemble tellement à son performeur.

Nous sommes accueillis par du champagne et cela c’est la gentillesse et la générosité d’Yves-Noël Genod, qui ne manque pas de culot non plus, dans la société ou l’argent fait tout et dans un festival au In si cher, il s’offre le luxe de nous inviter. Le b.a. ba du théâtre, la gratuité, et si l’on a aimé, on peut donner à la fin, dans le chapeau. La beauté du geste. Le geste commun, celui de l’artiste et celui du spectateur ravi (ou pas ?). Impossible de ne pas l’être ! Tout le monde a aimé et encensé ce spectacle. La presse en a parlé partout, et tant mieux, Yves-Noël a fait salle comble et c’est une bonne chose. Car il faut tirer son épingle de l’écheveau inouï des 1000 spectacles du OFF d’Avignon… Pari réussi pour cet instant en tête à tête avec ce brillant comédien, metteur en scène qui nous raconte tel un conteur des anciens temps, ou tel un prof passionné par l’œuvre, l’histoire de Venus et Adonis. J’avais déjà chroniqué la version plus courte qu’il en avait fait à Gennevilliers (Ici), et j’ai retrouvé le plaisir d’écouter le texte, rentrer totalement à l’intérieur, et observer les milliers d’images qu’Yves-Noël réussi à faire surgir sous nos yeux. Véritable vie qui se prend dans les mots, du poème écrit, soudain l’oiseau se fait entendre, Adonis est étendu devant nous, le cheval s’échappe… tout est là.



Dans cette Condition des soies, scène circulaire qui fait penser au cylindre de Beckett du Dépeupleur, verre de champagne à la main et éventail dans l’autre, on ri beaucoup aux dizaines de digressions qu’Yves-Noël fait ici ou là au grès de ce que le texte lui rappelle… Un souvenir de Marguerite Duras, un coup de fil avec Régy, des anciens spectacles, des films, des recherches sur internet… Avec son humour ironique et un brin moqueur, mais souvent aussi plein d’enthousiasme pour tout ce qui l’entoure, il nous emmène dans son monde. Et on s’y sent bien… voilà ce que je préfère dans Genod, c’est Genod ! Un voyage dans le regard d’un artiste, c’est un moment rare, et c’est ce qui le rend précieux, lorsque quelqu’un tente de nous changer les yeux. Ici la découverte d’un texte magnifique, du mot à mot parfois et l’ampleur de l’émotion qui s’y cache est débusquée par un fouilleur professionnel, qui sait montrer derrière chaque image, la tragédie d’une Venus, désirant sans retour. Et l’on s’y voit, et le poème résonne en nous, comme autant de souvenirs à notre tour, un joli tour de passe-passe, entre les lignes d’humour, la douleur…

Encore jusqu’au 31 juillet à la Condition des Soies, à 18h.

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